Diplomatie byzantine

Visite d’Olga, mère du roi Sviatoslav à Constantinople (Chronique de Jean Skylitzès).

La diplomatie byzantine, beaucoup plus que la force de ses armées, explique, en bonne partie, la survie millénaire de l’empire face aux menaces que représentent ses nombreux ennemis : elle se base sur un judicieux mélange de pression militaire, d’intelligence politique, de corruption et de propagande religieuse.

Elle recueille d'abord soigneusement toutes les informations sur les peuples qui l'entourent ou se disposent à envahir ses frontières provenant de ses émissaires, de ses militaires, de ses marchands et de ses missionnaires. Au sein de la bureaucratie de Constantinople, le « bureau des barbares » recueille soigneusement les notes et informations sur les peuples étrangers, désignés (sauf pour les Persans et les Arabes qui jouissent d’un statut supérieur) du terme "τά έθνη", l’équivalent de l’ancien romain « gentes » ou « ces peuples (avec une nuance de mépris) »[1],[2]. Les termes désignent, aux VIe siècle et VIIe siècle les peuples germaniques (Vandales, Wisigoths, Ostrogoths, Lombards et Francs) et slaves ou ouralo-altaïques (Croates, Serbes, Bulgares, Huns et Avars) ainsi que les Persans et plus tard les Arabes ; au Xe siècle ce sont les Khazars, Petchénègues, Hongrois (appelés Turcs par les Byzantins). S'y ajoutent progressivement des États en voie de se constituer, comme les Royaumes Francs puis l'Empire Carolingien (la Francie), qui va devenir le Saint-Empire romain et le Royaume de France, les autres principautés européennes de Méditerranée, surtout les États italiens (Venise, Pise, Amalfi, Gênes)[3]. À la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, elle inclut également une alliance avec l’Empire mongol[4].

Sauf sous quelques empereurs, elle préfère éviter les conflits militaires et, privilégiant la voie diplomatique, développe divers moyens légaux, culturels et commerciaux qui lui permettent de tisser un réseau d’États alliés où chaque peuple trouve sa place dans un monde où, conformément à la vision byzantine du monde, ceux-ci gravitent autour d’un empereur chargé de la mission de diriger « le monde habité » ou « oikoumène », reflet de l’ordre que Dieu fait régner dans les cieux, vision du monde que Dimitri Obolensky appelle « le commonwealth byzantin ».

  1. Diehl (sans date) p. 54
  2. Bréhier (1970) p. 233
  3. Diehl (1920) pp. 53-54
  4. Sicker (2000) p. 132

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